Quand j’ai commencé à écrire sur la musique brésilienne, il y a une quinzaine d’année, sur Berceuse électrique puis sur Bonjour Samba, j’avais à cœur de ne pas me limiter à la seule musique de Rio de Janeiro: la bossa nova, la MPB, la samba… la seule un peu connue en France, et d’aller me promener du côté des scènes actuelles de São Paulo, ou encore vers la musique du Nordeste moins explorées. Mais j’ai été rattrapé par la beauté universelle de la samba de Rio de Janeiro. C’est également le sort très enviable qu’a subi quelques décennies plus tôt le label Discos Marcus Pereira*. Basé à São Paulo, rivale de Rio de Janeiro, son premier disque fut logiquement consacré au musicien paulista Paulo Vanzolini**; le label poursuivit par une ambitieuse cartographie de la musique brésilienne dédiée aux styles « régionaux » méprisées ou du moins négligés, bref tout ce qui ne venait pas de Rio de Janeiro.
Et pourtant, eux aussi, la samba de Rio de Janeiro les rattrapa. La bascule se fit grâce à João Carlos Botozelli, plus connu sous le nom de Pelão, originaire d’une petite ville de l’État de São Paulo mais amoureux de samba carioca. Alors qu’il travaillait pour Discos Marcus Pereira sur le projet de cartographie musicale du Brésil, il parvient à convaincre Aluizio Falcão et Marcus Pereira d’enregistrer le premier*** disque de Cartola qui figure aujourd’hui au panthéon de la musique brésilienne. La machine était lancée. Pelão et Aluizio Falcão poursuivirent avec des disques dédiés aux quatre grandes écoles de samba de la Cidade Maravilhosa. Ils s’éloignèrent de la géographie de la cartographie musicale pour l’histoire, d’où le titre « História Das Escolas de Samba ». Les noms de ces quatre écoles ? Mangueira, Salgueiro, Portela et Imperio Serrano. Ces écoles bien que centrale dans l’histoire de la musique brésilienne, n’avait fait l’objet que depeu de disques en tant que tels, exceptés quelques uns à la fin des années 50****.
Le plus intéressant est peut être le casting des deux écoles un peu moins connues (par nous du moins). Chez Imperio Serrano, nous pouvons écouter Dona Ivona Lara mais également Silas de Oliveira, Avarese, Jorge Pessanha. Chez Salgueiro, nous avons la chance d’entendre Noel Rosa de Oliveira, Pindonga, Iracy Serra ou encore Geraldo Babão…
Des disques essentiels, pour découvrir l’histoire de ces écoles de samba, ou simplement pour écouter la plus belle des musiques qui fit chavirer le monde entier et même celui du cœur des réfractaires Paulistas.
**Avant de rejoindre Discos Marcus Pereira, il avait déjà enregistré deux chefs d’oeuvres en 1973, celui d‘Adoniran Barbosa, et celui de à Nelson Cavaquinho.
***Même si on sait aujourd’hui qu’un EP oublié de Cartola parut en 1964 sur Rozenblit.
****Le label est également derrière le disque d’Osvaldinho Da Cuica
*****“A Vitoriosa Escola de Samba Portela de 1957, Samba! Com a Escola de Samba Acadêmicos do Salgueiro,, Aí vem o Samba de Salgueiro, ou encore Fala, Mangueira!.