Mestre Verequete – Le Père du carimbó

Ceux qui s’intéressent à la musique brésilienne ont peut-être remarqué l’explosion récente de la musique Paraense, et notamment de la tecnobrega. L’Etat du Pará tout au Nord du Brésil est aussi le berceau de la guitarrada et de la lambada. Mais encore avant ces styles, le Pará, et plus particulièrement Marapanim était et est toujours la terre du carimbó, un genre tout aussi rythmé que ses avatars modernes mais dépourvu du moindre gramme de kitsch.

C’est une musique et une danse comme tant d’autres dans les Amériques, issue de la rencontre toujours fascinante entre les cultures africaines, européennes et amérindiennes, avec pour le carimbó un parfum amazonien. Le mot « carimbó » vient d’ailleurs de la langue amérindienne tupi.

Si les premières mentions du carimbó remontent à près de deux siècles, le premier maître du genre est Mestre Lucindo, né en 1908. Un musicien cité partout comme référence, joué et chanté par tous, et qui n’a pourtant enregistré qu’un seul album, d’ailleurs même pas vraiment sous son nom, et aujourd’hui quasi-introuvable (Isto É Carimbó). Témoignage d’une autre époque où les grands musiciens pouvaient atteindre la postérité sans passer par les studios d’enregistrements.

L’autre figure fondatrice du carimbó moderne est Mestre Verequete né en 1916. Un grand et humble Monsieur, aujourd’hui reconnu à sa juste valeur mais qui a passé sa vie bien loin des lumières du show-business. Sa jeunesse se passe au son des boi bumbá, des fêtes mettant en scène la mort et la résurrection d’un bœuf, très importantes dans la région.

mestre verequeteAprès avoir joué dans plusieurs groupes de carimbó à Icoaraci, il fonde son propre Grupo Uirapuru, du nom d’un oiseau de la forêt amazonienne. Il sort avec eux en 1971, le premier album de carimbó jamais enregistré. L’album ouvre la voie à beaucoup d’autres puisqu’il enregistre en tout neuf LPs et quatre CDs, dans lesquels il reste fidèle au carimbó de raiz (des racines). Une musique construite autour de percussions puissantes, les tambours curimbós, relevés de banjos, trompettes et la voix unique de Mestre Verequete. Certains de ses albums jamais réédités en CD restent introuvables, mais parmi ceux disponibles, se détache le superbe O Legítimo Carimbó, sorti en 1974.

La musique ne fait pas vivre Mestre Verequete et il travaille toute sa vie à côté comme contremaître assistant, boucher ou vendeur de grillades (churrasquinho). Il n’est reconnu que très tardivement et reçoit finalement à 90 ans, du Président de la République Lula, l’équivalent brésilien de la légion d’honneur, avant de s’éteindre en 2009. Mais son immense répertoire rempli de classiques n’a pas fini de résonner dans tout le Pará et au delà.

 

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