L’histoire de la Bandinha de Pífanos de Caruaru est une véritable saga familiale. Les origines du groupe remontent aux années 1920 dans le Nordeste, quand Manoel Clarindo Biano, joueur de tambour zabumba appris à deux de ses enfants Benedito et Sebastião à jouer de la petite flûte pifano, un instrument dont il avait lui-même hérité de son père. La famille commence à jouer dans des fêtes locales et religieuses et mène une vie quasi nomade, se fixant de quelques mois à quelques années dans une ville avant de repartir sur les routes. La famille s’installe définitivement à Cararau en 1939. Le père aurait demandé à ses enfants de continuer le groupe à sa mort, souhait respecté puisqu’il est encore actif aujourd’hui!
Les meilleurs enregistrements de la Bandinha de Pífanos de Caruaru datent des années 1970. Ils connaissent un certain succès au Brésil et le groupe est même appelé par Gilberto Gil pour ouvrir son album classique Expresso 2222 de 1972. L’album que je vous présente, leur premier, date d’ailleurs de la même année.
Le son unique du groupe est construit autour de percussions (zabumda, surdo, caixa) et des pifanos, des petites flutes connues en France sous le nom de fifres qui sont l’âme de cette bandinha. Les compositions sont pour la plupart signées Sebastião Biano et Onido Almedia. Ils nous offrent un foisonnement de rythmes populaires du Nordeste (frevo, baião mais aussi valse et marche) magnifiées par des incroyables jeux de pifanos, d’une virtuosité sans emphase ni esbroufe.
La Banda de Pífanos de Caruaru est un des meilleurs témoignages de la profondeur et de la sophistication que peut atteindre dans son coin, un groupe qui semble au premier abord n’être qu’une survivance folklorique régionale. Et une nouvelle preuve des richesses que recèle la musique brésilienne.