{"id":1528,"date":"2015-04-27T22:49:59","date_gmt":"2015-04-27T21:49:59","guid":{"rendered":"http:\/\/la-musique-bresilienne.fr\/?p=1528"},"modified":"2022-05-20T13:25:39","modified_gmt":"2022-05-20T11:25:39","slug":"jacob-do-bandolim","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/la-musique-bresilienne.fr\/2015\/04\/27\/jacob-do-bandolim\/","title":{"rendered":"Jacob do Bandolim – Bonnes vibrations"},"content":{"rendered":"
<\/a>Osvaldinho da Cu\u00edca<\/a>, Jackson do Pandeiro, Paulinho da Viola<\/a>, Jair do Cavaquinho<\/a>… nombreux sont les musiciens br\u00e9siliens \u00e0 avoir \u00e9t\u00e9 surnomm\u00e9s du nom de leur instrument de pr\u00e9dilection, mais aucun ne l’a incarn\u00e9 comme \u00e0 pu le faire Jacob Pick Bittencourt, dit Jacob do Bandolim.<\/p>\n Il n’est pourtant pas le premier joueur br\u00e9silien de bandolim<\/em>, le petit nom portugais de la mandoline. Il avait d\u00e9j\u00e0 acquis ses notes de noblesse dans les rodas de choro<\/em>, dans les mains de ma\u00eetres comme Jos\u00e9 Alves (Oito Batutas<\/a>) et surtout Luperce Miranda<\/a>, qui l’avait \u00e9rig\u00e9 au rang d’instrument soliste. Mais l’impact de Jacob de Bandolim est tel qu’on ne dit pas qu’il \u00e9tait le nouveau Luperce Miranda<\/a> mais plut\u00f4t que ce dernier \u00e9tait le Jacob do Bandolim des ann\u00e9es 1930.<\/p>\n Le disque phare de Jacob do Bandolim est Vibra\u00e7o\u0113s (Vibrations), <\/em>consid\u00e9r\u00e9 par de nombreux m\u00e9lomanes comme le meilleur disque de choro de tous les temps. Enregistr\u00e9 en 1967, \u00e0 la fin de sa vie, il constitue \u00e0 la fois le r\u00e9sum\u00e9 et le sommet de son \u0153uvre et permet de saisir son g\u00e9nie prot\u00e9iforme.<\/p>\n <\/p>\n Sur ce disque, rayonne tout d’abord son talent de bandolinista<\/em> hors pair. Selon l’anecdote, il a commenc\u00e9 \u00e0 apprendre le violon, mais \u00e0 la place de l’archet, jouait avec une barrette \u00e0 cheveux …avant de d\u00e9couvrir qu’il existait un instrument qui se joue de cette mani\u00e8re : la mandoline s’accorde exactement comme le violon.<\/p>\n Mais loin d’\u00eatre un virtuose de plus, il est surtout lou\u00e9 pour son sens rythmique et la finesse de ses interpr\u00e9tations, se refusant toujours aux notes superflues. Miles Davis ne disait pas autre chose: \u00ab\u00a0Why play so many notes instead of just choosing the most beautiful<\/em>?\u00a0\u00bb Comme ce dernier, il \u00e9tait aussi un improvisateur d’exception, m\u00eame si contrairement \u00e0 son homologue am\u00e9ricain, il ne partait pas dans de longs solos, mais brodait des ornementations discr\u00e8tes autour des m\u00e9lodies. Surtout, comme la mandoline produit des notes claires mais courtes, les musiciens compensent parfois par des tr\u00e9molos. Jacob do Bandolim lui n’utilisait que peu cette technique et pr\u00e9f\u00e8rait laisser sa musique a\u00e9r\u00e9e par les silences. Miles Davis aurait \u00e9galement \u00e9t\u00e9 d’accord: \u00ab\u00a0Music is the space between the notes. It\u2019s not the notes you play; it\u2019s the notes you don\u2019t play<\/em>\u00ab\u00a0<\/p>\n <\/a>Une autre facette de Jacob do Bandolim est son r\u00f4le dans la pr\u00e9servation de l’histoire du choro, \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 ce genre n’\u00e9tait pas pris au s\u00e9rieux comme aujourd’hui. Il a constitu\u00e9 tout au long de sa vie, une des plus importante collection de partitions, disques, et photographies de choro. On lui doit d’avoir sauv\u00e9 de l’oubli de nombreuses compositions dont celles d’Ernesto de Nazareth, son compositeur f\u00e9tiche. Il est d’ailleurs l’auteur des trois titres qui concluent Vibra\u00e7\u00f5es<\/em> (Floraux, Brejeiro, V\u00e9sper). Il interpr\u00e8te \u00e9galement sur le disque deux autres monstres sacr\u00e9s du choro, Pixinguinha<\/a> (Lamentos, Ingenuo) et Luis Americano (Assim Mesmo). Ses musiciens pr\u00e9f\u00e9r\u00e9s ne composaient pas pour la mandoline, ni m\u00eame pour des instruments \u00e0 cordes, mais pour la clarinette et le saxophone. Qu’\u00e0 cela ne tienne, Jacob do Bandolim a donc arrang\u00e9 pour son instrument le r\u00e9pertoire de ses idoles.<\/p>\n Outre son travailleur d’arrangeur, Jacob do Bandolim a laiss\u00e9 derri\u00e8re lui plus d’une centaine de compositions, \u00e9crites tout sp\u00e9cialement pour la mandoline. Sur Vibra\u00e7\u00f5es<\/em>, il est l’auteur du morceau \u00e9ponyme ainsi que les superbes P\u00e9rolas et Receita de Samba.<\/p>\n Vibra\u00e7\u00f5es<\/em> pr\u00e9sente aussi le r\u00f4le de meneur de Jacob de Bandolim. Il a jou\u00e9 durant sa carri\u00e8re au sein de nombreux conjuntos regionais,<\/em> terme qui d\u00e9signe les petits ensembles de choro (Regional de Benedito Lacerda, Regional de Canhoto). Pour Vibra\u00e7\u00f5es<\/em>, Jacob do Bandolim constitue un des meilleurs conjuntos de tous les temps, \u00c9poca de Ouro. <\/em>Il comptait des musiciens de premier plan, comme lui dans la force de l’\u00e2ge, Dino Sete Cordas, C\u00e9sar Faria (p\u00e8re de Paulinho da Viola<\/a>) et Carlos Leite aux guitares, Gilberto d’\u00c1vila au pandeiro, accompagn\u00e9s des jeunes Jonas da Silva au cavaquinho et Jorginho \u00e0 la rythmique.<\/p>\n <\/a>Plus qu’un simple meneur de musiciens, on se souvient de Jacob do Bandolim comme un mod\u00e8le d’exigence, qui prenait la musique plus au s\u00e9rieux que quiconque. Il \u00e9tait exigeant avec lui-m\u00eame avant tout. Par exemple, alors qu’il jouait d\u00e9j\u00e0 \u00e0 la perfection \u00e0 l’oreille, en 1949 il a appris \u00e0 partir de z\u00e9ro le solf\u00e8ge et la th\u00e9orie musicale. De m\u00eame, son id\u00e9alisme musical \u00e9tait tel que pour rester libre des pressions commerciales, il a toute sa vie travaill\u00e9 \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de son activit\u00e9 de musicien, occupant de nombreux emplois dont son dernier dans la police. Occup\u00e9 la journ\u00e9e, il consacrait ses nuits et ses week-ends \u00e0 la musique. Le samedi surtout, quand les meilleurs musiciens de Rio de Janeiro et d’ailleurs se r\u00e9unissaient chez lui pour des l\u00e9gendaires soir\u00e9es o\u00f9 pouvaient se croiser Paulinho da Viola, Dorival Caymmi<\/a>, Elizeth Cardoso, Clementina de Jesus<\/a>, ou Canhoto da Paraiba<\/a>.<\/p>\n T\u00e9moignage de la haute id\u00e9e qu’il se faisait de la musique, Jacob do Bandolim avait pour l’habitude de dire que \u00ab\u00a0la bonne musique est celle qui nous laisse en \u00e9tat d’infarctus<\/em>\u00ab\u00a0. Ce n’\u00e9tait pas qu’une boutade car, un premier infarctus le frappa lors d’un concert en 1967. Il raconte qu’il venait de jouer Lamento de Pixinguinha et \u00e9tait applaudit debout par la foule compos\u00e9e en majorit\u00e9 de jeunes. Il fut alors submerg\u00e9 par l’\u00e9motion de sentir son art enfin compris par la nouvelle g\u00e9n\u00e9ration. Ce succ\u00e8s annon\u00e7ait le revival<\/em> du choro qui allait fleurir dans les ann\u00e9es 1970. Mais Jacob do Bandolim ne le v\u00e9cut pas ; en rentrant un soir de chez Pixinguinha<\/a>, un autre infarctus l’emporta en 1969 \u00e0 l’\u00e2ge de 51 ans.<\/p>\n Jacob do Bandolim e conjunto \u00c9poca de Ouro – Vibra\u00e7\u00f5es<\/em>. RCA, 1967 <\/strong><\/p>\n https:\/\/open.spotify.com\/user\/boebis\/playlist\/6UlaMyZF0F1Z3jdY4z3xyY<\/p>\n